Archives départementales des Hautes-Alpes
MONTMORIN - 2E 93/4– f° 77, 78, 79
1832 - Acte N° 22 (inscription en marge) Copie du procès-verbal du cadavre du nommé Denizot soldat au Régiment d’infanterie légère Enregistré au registre de procès-verbaux sous le N° 76
Ce jourd’hui vingt huit novembre mille huit cent trente et un nous Moret Vincent Maréchal des logis Commandant la brigade de gendarmerie départementale à la résidence de Vitré (Ille et Vilaine) rapportons qu’informé par la clameur publique que des enfants cherchant du bois sec, dans la haie d’un champ situé près le village de Chatel, paroisse Notre-Dame, en cette commune, avaient trouvé le cadavre d’un militaire avec arme et bagage caché sous les broussailles, dans le fossé que nous y sommes aussitôt rendu, accompagné des gendarmes Vidal et Normand, nous etant assuré de la vérité Nous avons fait prévenir Mr le commissaire de police, Mr le procureur du Roi et Mr Hardy, médecin, qui ont au même instant descendu sur le lieu et ont procédé au relief de ce cadavre qui était couché sur le dos,bien allongé vêtu de tout son uniforme les pieds plus bas que la tête dirigé vers le sud, il avait le pied droit nu, et son soulier se trouvait placé sous le bras droit, l’autre pied était chaussé de son soulier, sa giberne était autour de lui, le coffre sous lui-même, son sac près de lui, son schako à côté de lui, son fusil le chien étant abattu se trouvait placé sur lui la crosse sur les pieds et le bout du canon sur la tête, la main gauche touchant le fusil, après cet examen on a retiré tous les objets qui sont détériorés et en mauvais état. Monsieur le Médecin Hardy a visité le cadavre qui n’est plus que des os, il a reconnu que le crâne était sauté et se trouvait à côté de lui il était noir et percé d’un trou rond comme d’une balle de fusil. Enfin l’examen de tous les effets et du cadavre a fait connaître qu’il était le nommé Denizot Jean-Baptiste soldat de la 6ème Compagnie 2ème Bataillon du 6ème Régiment d’infanterie légère qui le 17 août dernier tira un coup de fusil dans l’épaule du Sieur Delain son fourrier. La décomposition du cadavre n’ayant pas permis de le transporter, l’autorité l’a fait enterrer sur le lieu. On a reconnu et constaté qu’il s’était lui-même suicidé avec son fusil. Le dit Denizot a été condamné par contumace par le 1er Conseil de Guerre de la 13ème Division militaire séante à Rennes à la peine de mort.
De tout quoi nous avons rédigé le présent procès verbal pour ordre et compte à nos chefs par la voie hiérarchique
fait et clos à Vitré le jour mois et an que dessus
Merchey Vidal Normand
Mal des logis juge gendarme
Suzanne CANU (2005)